Le président Félix Tshisekedi n’a pas simplement participé à la 80è session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies. Le chef de l’État congolais a porté un cri. Celui d’un peuple meurtri par des décennies de conflits, de pillages et de silences complices. Son séjour à New York, marqué par un discours et des rencontres stratégiques, soulève une question essentielle : la diplomatie congolaise peut-elle transformer la mémoire des victimes en levier de justice et de développement ?
En tant que vice-président de la session, Tshisekedi a incarné une Afrique qui ne demande plus, mais qui exige. Il a affirmé que la RDC siégera au conseil de sécurité dès janvier 2026, avec une vision axée sur la paix, la gouvernance des ressources et la justice transitionnelle. Ce positionnement interpelle : la RDC est-elle prête à assumer ce rôle de vigie morale dans un monde fracturé ?
Le plaidoyer pour la reconnaissance du GENOCOST ce génocide économique perpétré dans l’Est du Congo marque un tournant. En nommant les crimes, Tshisekedi tente de briser l’indifférence internationale. Mais cette démarche soulève un dilemme : comment articuler mémoire et diplomatie sans tomber dans l’instrumentalisation politique de la souffrance ?
La proposition de conditionner l’accès aux minerais stratégiques à des engagements sécuritaires est audacieuse. Elle renverse la logique extractiviste. Mais elle suppose une capacité de négociation et de contrôle que la RDC peine encore à démontrer. Peut-on vraiment faire du cobalt un outil de paix quand les multinationales dictent les règles du jeu ?
La rencontre avec le FONAREV et les appels à une justice réparatrice montrent une volonté de réconcilier les Congolais avec leur histoire. Mais la réparation ne peut être seulement symbolique. Elle exige des mécanismes concrets, des procès équitables, et une mémoire partagée. La diplomatie congolaise saura-t-elle porter cette exigence au-delà des discours ?
Le séjour de Tshisekedi à New York aura été un moment de vérité. Il a dit ce que beaucoup taisent. Mais la diplomatie du cri ne suffit pas. Elle doit s’accompagner d’une diplomatie de l’acte, capable de transformer les mots en politiques, les douleurs en droits, et les ressources en leviers de souveraineté.
Gaël Sabue Matand’a Kapol
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